Système de santé et rémunération des médecins

Notre système de santé doit être renfloué tous les ans par la communauté nationale. Il est donc en déséquilibre financier permanent. La faute à qui ? Partons d'un cas concret.

Monsieur M. va chez le médecin car il éprouve une douleur aux intestins. Le médecin l'examine dix minutes, lui prescrit un léger calmant et lui prend 23 euros. Monsieur M rentre chez lui, la douleur ne passe pas alors il se rend chez un autre médecin. Ce médecin le garde une heure, lui demande ses antécédents familiaux, recherche les éventuels souffles des artères fémorales et carotidiennes, lui pratique un toucher rectal, etc... un travail de fond. Ce médecin lui prescrit un laxatif et lui prend 23 euros. Monsieur M se rend à la pharmacie pour acheter son médicament et rentre chez lui. Le laxatif fait sont effet, l'irritation de l'intestin cesse et la douleur disparaît. Monsieur M est bien content de ce deuxième médecin. Il en a d'ailleurs fait part au pharmacien en achetant son médicament. Celui-ci lui a répondu que ce médecin est bizarre, il garde toujours ses patients une heure et  plus personne ne veut aller chez lui. C'est vrai que Monsieur M se souvient d'avoir attendu longtemps dans la salle d'attente alors qu'elle était pratiquement vide. La consultation précédente n'en finissait plus. Oui mais Monsieur M. est content de ce médecin parce qu'il estime qu'il a bien fait son travail. Ce qui veut dire par un raisonnement à contrario que le premier médecin en recevant Monsieur M. seulement 10 minutes à mal fait son travail car il n'a pas soigné, il lui a fait acheter des médicaments inutiles. Seulement ce premier médecin a plus gagné d'argent que le deuxième. L'échec a été valorisé parce que pour gagner sa vie à la hauteur de ce que son statut social et son niveau d'études lui permettent de prétendre, le médecin doit consulter à la chaîne et garder ses patients dix minutes. Notre système de santé pousse donc le médecin dans une alternative ou quelle que soit l'option qu'il choisit il est perdant. Bien soigner et mal gagner. Bien gagner et mal soigner. Du coup comme les médecins ne passent plus suffisamment de temps avec leurs patients, ils les renvoient vers l’hôpital dont les coûts de fonctionnement sont bien supérieurs à ceux du médecin et le dit hôpital creuse le coût de la sécu. Certains médecins tentent d'échapper à ce dilemme en visant le bien-gagner et le bien-soigner, en demandant plus à leur patients. C'est la question des consultations majorées combattues par la Cnam. N'est-il pas possible que ceux qui nous gouvernent regardent la manière dont le système essaie d'être vertueux naturellement pour s'en inspirer et l'encourager. Les intérêts des médecins sont mal pris en compte, ils limitent le problème en refilant le bébé aux hopitaux sous couvert d'un meilleur service rendu au patient grâce à la technique. Payons plus les médecins pour que le patient chronophage soit moins  considéré comme une source de perte de revenu. Les médecins garderont leurs malades plus longtemps en cabinet, les frais en analyses diminueront, le médecin aura le sentiment de bien faire son métier. Revenons aux fondamentaux de la pratique de la médecine en considérant que le premier expert sur son état est le patient lui-même et qu' un interrogatoire bien mené apporte déjà beaucoup d'informations. Des patients ont des comportements à risques qui seront cachés au médecin. Un interrogatoire plus long permettra à la parole de se libérer et d'accéder parfois à la vraie cause de la pathologie.  Or le médecin est réputé favoriser la fraude, prescrire abusivement, et être la source du trou de la sécu alors que la cause réelle est soit un problème de réflexion de nos dirigeants soit un manque de courage politique.